22/07/2010
Les larmes de l'assassin, d'Anne-Laure Bondoux
Les larmes de l'assassin, d'Anne-Laure Bondoux chez Bayard Jeunesse. (à partir de 11 ans)
Le sujet du livre fait froid dans le dos. C'est "Le Cid", en pire. Hein ? quoi ? comment ? Je m'explique : dans "Le Cid", Rodrigue tue à la loyale le père de la belle Chimène — ce qui n'empêchera pas celle-ci de lui dire :"Je ne te hais point". Dans "Les larmes de l'assassin", l'assassin en question, une brute recherchée par la police du Chili, saigne comme de vulgaires pourceaux les parents d'un jeune garçon. Il épargne celui-ci de justesse avant de devenir pour lui un père de remplacement. On assiste à une rédemption étrange car sans remord, car intéressée. À force de vivre ensemble, l'homme s'attache à l'enfant et l'enfant à l'homme, mais le monticule où sont enterrés les parents et un restant de sang dans les rainures de la table, viennent rappeler que tout bonheur est d'avance maudit.
C'est odieux mais c'est si bien écrit que la chose devient possible sous nos yeux et que nos larmes se mêleraient presque à celle de l'assassin si le sentiment de la justice et de la décence ne venait nous rappeler à l'ordre.
Un roman torturant et beau qui met nos sentiments à rude épreuve.
17:43 Publié dans Critiques romans | Lien permanent | Commentaires (0)
05/11/2009
Treizième avenir de
Treizième avenir, de Sébastien Joanniez, aux éditions SARBACANE.
La collection eXprim’ continue de proposer aux adolescents des romans écrit par des auteurs au sang chaud. Avec « Treizième avenir », on rentre dans la tête d’un adolescent qui laisse les situations croiser ou accompagner ses désirs sans oser intervenir de façon décisive, s’en remettant à la loi d’attraction des corps, qui tarde à se vérifier. Les ratages accentuent son mal être, l’inexpérience et la tension d’une vie sans soupape le poussent au bord du dérapage, du coup de folie, de la déprime, jusqu’à cette première fois libératrice. Et le coeur prend sa voilure, on quitte la terre et le terre-à-terre d’un quotidien sans surprise; l’amour est là, tout bête qui fait que tout prend un sens et qu’un but est pressenti qui balaie toutes les impasses de la vie.
Le style intuitif et sans fioriture décrit à merveille les tourments et la façon d’être d’un certain type d’adolescent… ou d’un certain moment de l’adolescence ?
23:14 Publié dans Critiques romans | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : treiziième avenir, sébastien joanniez, sarbacane
17/04/2007
Le maître de Hongrie (de marcel Jullian)
-Roman à partir de 13 ans-
Ce court roman de Marcel Jullian nous narre la misérable quête d'une bande de pastoureaux, guidés et aveuglés (antinomie relative) par un illuminé qui veut les mener aux croisades. Le héros est un jeune forgeron naïf et manipulable qui va tout perdre dans son désir de gagner le ciel. Celui qui se fait appeler le maître de Hongrie est-il bien comme il le prétend et le prouve à des signes incontestables, le même homme qui 30 ans plus tôt a mené d'autres pastoureaux dans la débauche, la sainteté et la mort et que des témoins ont vu se faire éventrer, et avoir avec ses boyaux les mains nouées. Impossible dirions-nous aujourd'hui, mais l'époque des croisades se nourrissait des miracles comme nos contemporains de la météo et des informations.
Le style est remarquable et parvient à rendre la rustrerie poétique de l'époque, en utilisant à bon escient les expressions et les mots en vigueur au moyen-âge. C'est un roman bref et dense, plein de beaux moments et de belles phrases goûteuses, et qui se lit sans effort.
14:45 Publié dans Critiques romans | Lien permanent | Commentaires (0)