29/09/2007
Le retour de Tarzan, d'Edgar Rice Burroughs
Le retour de Tarzan, d'Edgar Rice Burroughs aux éditions "édition spéciale" (1970), fait suite au roman fondateur : Tarzan, seigneur de la jungle.
Pour évoquer le mythe formidable qu'est Tarzan, j'ai recopié avec dévotion un passage de ce deuxième tome des aventures de Tarzan (qui en compte plus d'une douzaine). On y voit un Tarzan déprimé noyer son chagrin d'amour dans le retour à l'animalité. Superbe :
[...] " Il avait vu la femme qu'il désirait, sa femme, sa compagne, dans les bras d'un autre. Il lui restait une seule ligne de conduite à adopter suivant la loi de la jungle. Mais avant qu'il ne soit trop tard sa générosité avait apaisé sa passion et l'avait sauvé. Il se félicita de n'avoir pas succombé à ce premier mouvement.
Il lui répugnait de retourner chez les Waziris. Il ne souhaitait pas revoir un seul être humain. Pendant quelque temps il parcourerait la jungle, solitaire jusqu'à ce que sa peine se soit atténuée. Comme les bêtes il voulait souffrir en silence et seul.
Cette nuit-là il dormit à nouveau dans le cirque des singes et pendant plusieurs jours il partit chasser. Le troisième jour alors qu'il était étendu sur l'herbe moelleuse du cirque depuis quelque temps il entendit au loin un ton familier. C'était un groupe de grands singes qui traversaient la forêt. Pendant plusieurs minutes, il resta l'oreille tendue. Ils venaient vers lui.
Tarzan se releva paresseusement et s'étira. Il percevait distinctement chaque mouvement de la tribu qui se rapprochait. À présent il distinguait leur odeur.
Tandis qu'ils arrivaient dans l'amphithéâtre Tarzan disparut dans les branches de l'autre côté de l'arène. Puis il attendit de voir les nouveaux arrivants. Il n'attendit pas longtemps.
Une tête farouche apparut dans les branches. Les petits yeux cruels inspectèrent la clairière puis il y eut une conversation étouffée. Tarzan entendit les mots. Le premier disait aux autres que l'endroit était désert et qu'ils pouvaient pénétrer dans l'amphithéâtre.
Il sauta sur le sol et un à un une centaine d'anthropoïdes en firent autant. Il y avait les adultes et quelques jeunes. Quelques bébés s'agrippaient au cou velu de leur mère.
Tarzan reconnut plusieurs membres de la tribu. C'était celle à laquelle il avait appartenu enfant. Plus d'un adulte avait partagé ses jeux avec lui. Il se demanda s'ils le reconnaîtraient, leur mémoire était courte, et deux ans étaient une éternité pour eux.
Il écouta leur conversation et apprit qu'ils étaient venus pour choisir un nouveau roi. Leur chef était mort en tombant d'un grand arbre. Tarzan marcha jusqu'à l'extrémité de la branche pour ne rien perdre du spectacle. Une femelle l'aperçut tout d'abord. De son cri guttural, elle attira l'attention des autres. Plusieurs énormes mâles se levèrent pour mieux voir l'intrus. En montrant leurs crocs et en poussant des grognements terribles ils s'avancèrent vers lui.
"Karnath, je suis Tarzan, roi des singes" dit l'homme-singe dans le langage de la tribu. "Te souviens-tu de moi. Ensemble nous avons tourmenté Numa quand nous étions petits en lui jetant des branches et des noix du haut des arbres."
La bête s'arrêta étonnée et comprenant à moitié.
"Et toi Magor", continua Tarzan, s'adressant à un autre, "te rappelles-tu ton dernier roi, celui qui a tué le redoutable Kerchak ? regarde-moi ! Ne suis-je pas Tarzan, le chasseur formidable, le lutteur invincible que tu as connu pendant longtemps.
Les singes se rapprochaient maintenant plus curieux que menaçants ; ils parlèrent entre eux pendant un moment.
"Que cherches-tu chez nous ?" demanda Karnath.
"La paix" répondit l'homme-singe.
À nouveau, les singes se concertèrent. Enfin Karnath parla.
"Viens en paix, Tarzan", dit-il.
Tarzan glissa lestement et tomba au milieu de la foule féroce et hideuse ; il avait franchi la dernière étape. À nouveau il était un animal sauvage."
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